Exposition itinérante 2010
Vingt panneaux sur les apports scientifiques de Ricci et leur réception dans la Chine des Ming : cartographie, astronomie, mathématiques… Cette exposition souligne que ce fut là une rencontre entre deux grandes traditions également riches et complexes à un moment donné de l’histoire : fin XVIè, début XVIIè.
Cette exposition a été présentée pour la première fois au Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris, le 30 janvier 2010 lors de l’inauguration de l’année Matteo Ricci 2010, en présence d’un public nombreux comprenant des personnalités des corps académiques, diplomatiques et ecclésiastiques.
Planche 2 - Pionnier
Lettré de la Renaissance italienne, le missionnaire Matteo Ricci (1552-Macerata, 1610-Pékin) fut le premier européen à assimiler la culture chinoise et le précurseur de l’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe.
À la Chine, il apporta ses connaissances en mathématiques, en astronomie, en cartographie. Il traduisit en chinois les Eléments d’Euclide et dessina une célèbre Mappemonde qui changea la vision chinoise du monde.
À l’Europe, il transmit la première traduction des Quatre livres 四书 du confucianisme. Il inventa la transcription en lettres latines de la langue chinoise pour composer le premier dictionnaire chinois en langue occidentale (le portugais).
Son Journal et sa correspondance firent découvrir à l’Europe des Lumières aussi bien la géographie de l’Empire chinois que ses institutions et traditions culturelles.
« Quand les missionnaires jésuites arrivèrent au XVIIe siècle, la Chine les accueillit non pour leur religion avec sa conception de l’existence, mais bel et bien pour la civilisation matérielle avec laquelle ils se sont présentés d’emblée : astronomie, mathématiques, physique, météorologie, géographie, physiologie, médecine et autres techniques. »
Liang Shuming, 梁漱溟, 1949
Planche 3 - Le temps qu’il faut…
肇庆Zhaoqing/1583, 韶州 Shaozhou/1589, 南昌Nanchang/1595, Nankin/1599, Pékin/1601
Matteo Ricci arrive à Macao en août 1582. (…)
Le but de Matteo Ricci est d’atteindre Pékin où réside l’empereur. Mais le voyage est long et difficile. Il doit patienter, d’abord près de Canton puis à Zhaoqing. Il passera en tout 19 années dans le sud de la Chine, période qu’il mettra à profit pour s’immerger dans la culture chinoise.
L’empereur Wan Li © Institut Ricci
« Je me suis tout de suite donné à la langue chinoise et je peux vous assurer que c’est tout autre chose que le grec ou l’allemand. Quand elle est parlée, cette langue est si équivoque que beaucoup de mots signifient plus de mille choses ; et il n’y a parfois entre un mot et un autre d’autre différence qu’une prononciation à voix plus haute ou plus basse. […] Quant à la langue écrite, elle a autant de lettres que de mots ou de choses, de sorte qu’il y en a plus de soixante mille, et toutes très différentes et embrouillées. »
M. Ricci, 13 février 1583, Macao
« L’an dernier, je suis venu dans ces régions plus septentrionales et j’ai revu la neige et la glace que je n’avais pas vues depuis longtemps. »
Ricci, Nanchang, 13 octobre 1596, à son frère
Planche 4 - Premier dictionnaire chinois
À Zhaoqing, entre 1583 et 1588, Ricci et son compagnon Michele Ruggieri composent, avec la collaboration de Zhong Mingren 钟鸣仁, le premier jésuite chinois, un glossaire portugais-chinois. Pour ce faire, ils inventent un système de romanisation permettant de représenter les sons chinois.
Ce dictionnaire portugais–chinois fut retrouvé en 1934 dans les Archives romaines de la Compagnie de Jésus. Il donne sur trois colonnes, un mot portugais (ou une expression), sa transcription phonétique et une traduction chinoise.
Les entrées en portugais sont rangées dans un ordre alphabétique approximatif ; les parties chinoises ont les caractéristiques d’un véritable document de travail. Certains mots ne sont pas traduits ; pour d’autres, on a plusieurs versions. La proportion de monosyllabes est faible, la majorité des mots sont dissyllabiques et les expressions à plusieurs caractères ne sont pas rares. La langue décrite est surtout l’usage parlé. Les auteurs (ou leurs assistants) connaissaient bien les ressources grammaticales du chinois.
À Zhaoqing aussi, Ricci traduit en latin les QUATRE LIVRES 四书 qui formaient alors la base de l’éducation en Chine : Tetrabiblion Sinense de moribus. C’est la première fois qu’un texte chinois est ainsi transmis à l’Occident : il a donc fallu environ 1 800 ans pour que l’Europe commence à découvrir « la pensée chinoise ».
Planche 6 - La carte du monde
Très tôt, les talents de cartographe de M. Ricci lui assurent une renommée extraordinaire. En 1584, à la demande du préfet de Zhaoqing, il réalise sa première carte du monde山海 舆地全图
La nouveauté de cette carte en Chine est de montrer méridiens et parallèles, l’équateur et les tropiques, les deux pôles, ainsi que de situer la Chine dans l’ensemble du monde.
Il améliore ensuite cette première version en s’inspirant sans doute des cartes d’Ortelius, de Mercator et de Plancius, tout en ajoutant des encadrés à part contenant un schéma explicatif des éclipses ainsi qu’un dessin de la sphère céleste avec la terre sphérique en son centre. On y discerne aussi des emprunts aux connaissances chinoises de l’Asie orientale. L’édition de 1602 fut imprimée en « plusieurs milliers d’exemplaires ».
Jusqu’à la fin des Ming (1644), les cartes de Ricci servirent de modèle, tant pour les données relativement nouvelles qu’elles renfermaient que pour sa technique cartographique.
« La Mappemonde a été réimprimée plus de dix fois et nous vaut un grand crédit, car c’est une œuvre que l’on n’a jamais vue en Chine. »
Ricci, Pékin, 10 mai 1605, à son père.
Pl.
6 : « mappemonde » extrait © Fonti Ricciane

Pl. 18 : M. Ricci et Xu Guangqi © The Beijing Centre for Chine Studies
En ce 3e millénaire, comment évolueront nos traditions respectives ?
Astronomes ou économistes,
philosophes ou théologiens,
Matteo Ricci nous invite tous
à l’écoute de l’autre,
dans le respect et l’amitié.
Conception scientifique : Institut Ricci, Centre d’études chinoises en partenariat avec le Centre d’Etudes sur la Chine Moderne et Contemporaine EHESS/CNRS
Sous le haut patronage de l’Institut de France – Académie des sciences
Commissaire : Michel Masson, Directeur de l’Institut Ricci.
Recherche iconographique : Christian Videau, Philippe Wolf, François Hominal.
Rédaction : Viviane Alleton (EHESS), Jean-Claude Martzloff (CNRS), Michel Masson (Institut Ricci), Christian Videau, Philippe Wolf.
Crédit photographique : Tous droits réservés
Réalisation : Double Hélice, graphisme : Gilles Regnery
Contact Presse : Institut Ricci -Anne Garry 06 76 54 27 92
© Institut Ricci
ISSN 2108-6206
ISBN 978-2-35893-032-1